samedi 5 juin 2010

Le festival touche à sa fin...

J'ai toujours beaucoup de plaisir à retrouver, ici à Sibiu, Sebastian Vlad Popa que j'ai connu lors de ma première participation. Enseignant en littératture et théâtre, mais aussi longtemps critique original, il entretient avec le théâtre (en particulier roumain) un rapport très personnel qui, de tout temps, a animé nos discussions sur ce qui était programmé à Sibiu. L'éditon 2010 n'aura pas fait exception !

Après une rencontre amicale avec notre déléguée WB en Roumanie, Fabienne Reuter, au cours de laquelle plusieurs projets ont été évoqués, j'ai assisté à un concert de musique baroque (très intéressant)...

...suivi d'un spectacle japonais, La visite (de la vieille dame) d'après le texte de Durenmatt. Une belle adapation, efficace, drôle, et en même temps mettant en valeur le propos hélas encore d'actualité : jusqu'où est-on prêt à aller pour recevoir de l'argent ?


Mais le gros morceau du jour était une vision de Turandot pour le moins personnelle, avec dans le rôle principal le directeur du festival Constantin Chiriac. J'avais tout entendu sur ce spectacle et m'attendais à tout. Le tout est venu en quelques minutes avec une débauche de symboles écoeurante tant elle débordait de partout. Oui mais voilà... au fil du spectacle, les fils se dénouent en une terrible autodérision qui déjoue les premières impressions. J'ai été étonné, captivé, irrité parfois, ému à d'autres moments... Bref, si je dirigeais un festival de théâtre, je le programmerais le premier jour. De quoi alimenter les conversations et débats au moins pendant les quinze jours !

vendredi 4 juin 2010

Du rire intelligent au regard sur la société

Les contrastes sont parfois saisissants au festival de SIBIU. Mais toujours le public répond présent.
Ainsi, ce matin, fidèle à la volonté de servir les écritures contemporaines et le livre (les activités se multiplient ici sur ce plan, et ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre !), une anthologie est publiée avec les versions originales et la traduction en roumain... qui est mise en lecture publique dans la cave remarquable d'une librairie du centre-ville.
Ce matin, c'était un texte de chez nous à l'honneur : CETTE VIEILLE MAGIE NOIRE de Koffi Kwahulé. Difficile de savoir si une telle pièce a une chance d'être montée en Roumanie, mais je peux en tout cas témoigner de l'intérêt de la discussion qui a suivi la lecture. J'y ai pris part avec plaisir pour resituer le contexte et la place de cette pièce chez l'auteur.


On me demande souvent comme je fais pour me débrouiller avec la langue roumaine dans de telles situations. Ben... je fais des progrès dans la compréhension lorsque les gens ne parlent pas trop vite. C'est quand même une langue romane, et en plus je ne suis pas tout à fait étranger au sujet abordé. Pour les spectacles, la plupart sont sous-titrés en anglais et puis je peux aussi me reposer sur les indications que me donnent des amis comme Daniela Magiaru, enseignante, traductrice et spécialiste du théâtre de... Matéi Visniec. Merci Daniela !

Côté spectacle, je n'ai pas été emballé par une proposition italienne proche du théâtre action des années 80 en Belgique. Mais les deux comédiens avaient certainement un talent qui pourrait être mieux exploité.
Par contre, le Pyramus et Thisbe 4 you, du théâtre de l'Odeon à Bucarest m'a beaucoup amusé. De l'humour intelligent (malgré quelques longueurs), mais aussi une petite leçon de dramaturgie avec un regard critique sur l'enseignement du théâtre. Quel plaisir de pouvoir diriger une belle et nombreuse équipe de comédiens pour "s'offrir un dessert théâtral" comme celui-là. Je n'en reprendrais pas à tous les repas, mais une fois de temps en temps, qu'est-ce que ça fait du bien !


Plus sérieux par contre le soir, avec 20/20. J'aime voir de jeunes équipes utiliser le théâtre pour parler de problèmes de société qui les touchent. Ici, il s'agit d'incidents entre Roumains et Hongrois qui ont dégénéré dans une ville roumaine. Ces conflits, basés sur de vieilles rancoeurs, sur des préjugés, sur la difficulté de se connaître même entre voisins, donnent un spectacle qui ne tient pas tout à fait la longueur (si les temps de jeu sont captivants, les longs récits diluent l'intérêt, surtout via les sous-titres), mais je n'ai pas du tout regretté ces deux heures dans une friche industrielle.


Et comme de coutume, la soirée s'est terminée par les "mitches" et la bière locale, ici en compagnie de Jean-Louis Collinet, directeur de notre Théâtre National (et accessoirement Carnièrois d'origine tout comme moi), Bernard Debroux, directeur d'Alternatives Théâtrales, et Georges Banu, l'indispensable et omniprésent médiateur pour tous ces gens de théâtre étrangers qui envahissent Sibiu à l'occasion de son festival !

jeudi 3 juin 2010

Deuxième journée au festival de Sibiu

Beaucoup d'activités aujourd'hui. Une réunion de travail le matin, un déjeuner avec le professeur Sorin Alexandrescu, directeur du Centre d'excellence de l'étude de l'image (et ancien professeur au Pays-Bas), une rencontre avec le directeur du festival Constantin Chiriac (notamment en vue d'un focus sur les jeunes auteurs dramatiques belges en 2011), une entrevue improvisée avec Reka Bartha, conseillère du Ministre de la Culture (toujours ma vieille obsession de faire adhérer la Roumanie à la CITF), etc.
Au passage, l'occasion de saluer les jeunes bénévoles qui aident à la réalisation du festival. Ils sont en tout plusieurs centaines paraît-il. Belle mobilisation.

Plusieurs spectacles de rue sympathiques et un très percutant ELECTRA ... que j'avais déjà vu. Où ? Dans une autre vie ? Je n'arrive plus à me souvenir. Mais je n'ai pas regretté de le revoir, d'autant que plusieurs comédiens sont aujourd'hui de belles connaissances retrouvées ça et là dans mes pérégrinations.


Ce festival est décidément le rendez-vous de bien des gens rencontrés par ailleurs. Voici que débarquent les amis acadiens de l'Université de Moncton et du Théâtre de l'Escaouette. Santé/norok aux colporteurs de la culture francophone.

Un concert d'orgue dans l'église évangélique et une petite balade dans ce petit bout de centre-ville dont je ne me lasse pas d'explorer les recoins magnifiquement éclairés le soir avant de regagner mon hôtel.


Portraits croisés

Se retrouver dans un festival à l'étranger n'empêche pas de se préoccuper d'autres dossiers en cours. Une séance quotidienne de courriel s'impose donc. Mais je ne suis pas le seul. Ce matin, petite surprise dans le salon de l'hôtel IMPERTOR à Sibiu. La table en face de la mienne est occupée par... l'auteur et l'ami Matéi Visniec en train d'accomplir ses devoirs professionnels en envoyant son "billet" à RFI pour lequel il est journaliste.

Cela méritait bien un petit clin d'oeil sous forme de portrait croisé !

mercredi 2 juin 2010

De retour au festival de SIBIU, presqu'une tradition

J'aime cette petite ville de Sibiu (avec ses toits qui vous surveillent de leurs yeux bienveillants) et son festival. Sinon, comment justifier le fait que j'y reviens régulièrement depuis plus de dix ans ?
Le petit centre-ville vit à l'heure du festival. On y croise des fanfares, du théâtre de rue, des statues vivantes... à la grande joie des promeneurs.
Mais il y bien sûr aussi de nombreux spectacles en salle, notamment dans le coeur du festival : le Théâtre Randu Stanca, lieu de confluence des festivaliers.
J'y ai vu, hier, mon premier spectacle : Les Bacchantes, d'après Euripides, dans une version revue et corrigée par Mihai Maniutiu. C'est étrange, violent, tonitruant... à un point tel que la barrière du son, fort et omniprésent, empêche (du moins en ce qui me concerne) toute vraie émotion. Et pourtant, j'ai le sentiment que je me laisserais tenter si le grillage de fer n'était pas redoublé par ce volume sonore qui impose une mise à distance "physique" peu propice à se laisser emporter par la fougue du jeu et la force des images.
J'ai aussi vu un sympathique spectacle de théâtre-danse par des jeunes Israéliens. C'est bien ficelé, sans originalité particulière, mais dans un beau mélange de danse traditionnelle et de figures plus "modernes". Un peu d'humour, une histoire dont on comprend l'essentiel : de quoi enthousiasmer les jeunes roumains présents dans la salle. Ce n'est déjà pas mal.
 

De quoi aussi prendre une photo que les réalistes appelleront "floue" et que les branchés considèreront comme "artistique".