mercredi 1 juin 2011

Donner une nouvelle vie à des pièces de la période communiste ?

Je retiendrai, parmi les nombreuses activités du jour à Sibiu, la sortie de deux ouvrages en roumain autour de Luc Bondy et de son oeuvre. Ils ont été présentés et commentés par Alina Mazilu, responsable des activités en rapport avec les écritures et les livres, et par Georges Banu, en présence de Constantin Chiriac.


Je profite de l'occasion pour saluer Alina, ma "correspondante" au festival, qui lit de nombreux textes publiés chez nous et en choisit pratiquement un par année pour l'anthologie et les lectures. Je salue aussi Georges Banu dont j'ai appris à apprécier, au fil du temps et de nos rencontres sur "son" territoire et à Avignon, l'érudition mais aussi la grande clarté avec laquelle il exprime et fait passer un regard personnel, cohérent et très structuré, sur le théâtre. Même en roumain, j'arrive à saisir l'essentiel de son propos. Georges constitue à lui seul, ici mais aussi en France bien sûr, une mémoire de référence. Je suis donc très sensible aux marques de sympathie qu'il ne cesse de m'adresser.

Luc Bondy n'ayant pu faire le déplacement pour des raisons personnelles, la séance s'est terminée par la projection d'un entretien filmé qui a permis aux professionnels présents d'aller de l'avant dans la rencontre avec sa conception du théâtre, de la mise en scène, de son rapport aux textes, etc.


Parmi les spectacles du jour, je retiendrai surtout OPINIA PUBLICA, par le Radu Stanca National Théâtre. Une pièce inhabituelle dans son répertoire puisque beaucoup plus politique au premier degré. Ecrite par Aurel Baranga durant la période communiste, cette pièce pourrait sembler un peu datée mais, à y bien réfléchir, son propos dépasse largement le contexte historique et géographique. Une fausse démocratie interne, avec ses rites servant uniquement à jeter un peu de fumée sur la pression dictatoriale du politique sur les médias... ça ne vous rappelle rien ? La France... l'Italie... Il suffit d'ouvrir les journaux.
Sur le plan formel, et malgré quelques longueurs inévitables au vu du nombre de comédiens sur le plateau, la "machine théâtrale" tourne bien. La construction de la pièce, elle, trouve sans doute un lien de parenté avec des pièces anglo-saxonnes mettant en jeu les rouages internes des micros-sociétés (comme une salle de rédaction par exemple) et les influences internes et externes pour diluer à la fois la cohérence d'un projet intègre et les lignes directrices d'une politique rédactionnelle trop véléitaire.
Les murs d'images rappellent le contexte, et l'adresse directe d'un des personnages au public permet de prendre une certaine distance. Une réussite, me semble-t-il ! Merci d'avoir résuscité cette pièce... en espérant que d'autres de la même veine suivront... si le débat en cours confirme cet intérêt, ce qui n'est pas a priori acquis.


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